lundi 6 juin 2011

Kanellos et Lukanikos : les chiens errants en Grèce et le mouvement révolutionnaire.

Quiconque a déjà vu plusieurs photographies ou vidéos des manifestations et émeutes en Grèce a forcément vu "Lukanikos et Kanellos". Ces deux chiens, dont le premier serait décédé d'une maladie de vieillesse (paralysie des pattes arrières), ont "participés" à l'essentiel des manifestations et rassemblements de ces dernières années à Athènes depuis 2008.

Mythes modernes et conditions d'existences pour les animaux

Kanellos
(-signifiant "Cannelle", de la couleur de son pelage- est parfois vu comme le "successeur" de Lukanikos, parfois appelé par ignorance "Kanellos 1"), qui est souvent apperçu aujourd'hui encore dans les manifestations athéniennes, et qui est devenue lui aussi une sorte de "mascotte révolutionnaire" : surnommé "The riot dog" un peu partout à l'étranger ("Le chien émeutier") ou encore "El Perro Piquetero" en espagnol (en référence aux piqueteros argentins) comme Lukanikos. Ces chiens, avant d'être des symboles un peu fantoches, sont aussi des êtres sensibles.

Dans la presse traditionnelle (ici Libération ou d'autres journaux "de gauche") comme dans les médias alternatifs, ou sur des blogs, des dizaines d'articles ont déjà été écrits à leur sujet (ou sur l'un d'eux). Outre le "mythe révolutionnaire romantique" plusieurs camarades dans divers pays, et même ici, ont pointé le fait que l'émeute, avec ses grenades incapacitantes, assourdissantes et ses gazs lacrymogènes et gazs CS, ses cocktails molotovs et ses pavés (lorsqu'on sait qu'il est arrivé par inadvertance que des camarades soient touchés par des "tirs amis") ainsi que ses flics ne sont pas vraiment une place de choix pour des animaux vulnérables.

Au delà de la symbolique du "chien enragé" ou du "chien rebelle", il faut voir à quel point il est peu responsable, d'un point de vue individuel ou collectif, de laisser un chien se promener dans une émeute en Grèce (ou ailleurs) vu les risques et parfois la violence des affrontements : notamment ces dernières semaines où de nombreux camarades et compagnon-e-s à Athènes et ailleurs ont subit une violence policière et une répression judiciaire féroce, ainsi que des attaques fascistes sur des squats, lieux de vie et de lutte, centre sociaux, etc... tout celà pendant et suite à la grève générale du 15 mai dernier.

Le fait de prendre soin des animaux et de les préserver des dangers qui les menaces face à l'idéologie de la haine des faibles est aussi une exigence révolutionnaire dans une société basée sur l'exploitation animale, la domination sur les animaux et la violence systématique à leur égard, et cette critique n'est pas qu'une question de point de vue "éthique".

En effet, la situation grecque est en la matière assez singulière : on compte des centaines de chiens et de chats errants, dont beaucoup à Athènes ( ou à Salonique (Θεσσαλονίκη, prononcé [Thessaloníki̱] ). Souvent, ils subissent des tortures, des gens laissent trainer de la "mort aux rats" ou de la nourriture empoisonnée pour les tuer. D'autres (comme en france ou ailleurs en europe), dans un accès de barbarie, leurs coupent les oreilles, leurs font subir des brûlures ou leur crèvent les yeux.


Chats noirs, chiens rouges... de Bucarest à Athènes.

La situation de ces chiens et chats errants pourtant y est différente d'un pays comme la Roumanie. Les chiens errants de Bucarest sont beaucoup plus nombreux et souvent moins "apprivoisés". Comme ils subissent globalement plus de violences, de rejet et que les gens sont plus pauvres et les nourrissent peu, les chiens sont plus agressifs, moins socialisés, les chats sont peureux, craintifs, et contractent des maladies et ces animaux ont subit depuis plus de 10 ans plusieurs vagues d'euthanasie. Depuis, suite à des luttes contre l'euthanasie et les souffrances infligées au animaux, une solution de "rechange" à été trouvée, et on encourage ainsi à la stérilisation.

Comme toujours dans les villes, la situation des animaux errants y est le fait de la main humaine et même de décisions politiques. Le problème a pour cause la décision, à l'époque de Ceausescu, de démolir des milliers de maisons de Bucarest pour les remplacer par des immeubles.

La grande majorité des habitant-e-s de ces maisons avaient des chiens car traditionnellement, à la campagne ou à la ville, les propriétaires de maisons individuelles possédaient un chien.

La présence des chiens dans les immeubles ayant été interdite, ces animaux se sont retrouvés dans la rue, abandonnés et affamés, et se sont reproduit par milliers.

La situation grecque, si elle n'est pas beaucoup plus enviable pour les animaux, y est, d'un point de vue qualitatif, sensiblement différente pour les chiens et chats errants.

En effet, si (comme dans la plupart des pays occidentaux) les animaux (même de "compagnie") y sont souvent maltraités, exploités ou tués et que les chiens y meurent intoxiqués par des boules de poison, torturés ou heurtés par des voitures, leur situation n'est pas la même qu'en Roumanie ou même qu'en France.

Déjà, beaucoup de chiens ne sont ni vraiment "errants" ni ne possèdent de "maitre" attitré (ou ont un "maitre" officiel mais que plusieurs personnes s'en "occupent"). Beaucoup vivent en étant accompagnés d'un groupe d'ami-e-s qui s'en partagent les soins et l'entretient, dans un lieu de vie en commun, dans une collocation ou encore dans les squats et font d'une certaine manière, souvent partis de la vie communautaire. De là à dire que ces animaux soient libérés ou "affranchis" ou qu'ils vivent bien, il y a encore du chemin à faire : mais paradoxalement à cette situation de négligence qui font que des chiens se retrouvent dans des situations dangereuses et nocives qu'ils ne comprennent pas (comme les émeutes), beaucoup de jeunes (ou moins jeunes) recueillent ces chiens et chats et s'en occupent collectivement, les vaccinent, les nourrissent et les soignent.

Malheureusement peu au regard du nombre de chiens et chats tués chaque année ou qui meurent de faim, ou de mauvais traitements : mais il existe en germe une culture de défense et de protections des animaux au quotidien (à défaut de perspectives plus radicales de libération animale, même si une partie des anarchistes et autres révolutionnaires en Grèce sont vegans ou au moins végétariens et que plusieurs individus défendent ces idées et pratiques).

Une campagne d'euthanasie massive avait été organisée avant les J.O d'Athènes de 2004 par la mairie pour "nettoyer les rues", qui avait suscité une forte réprobation, car même si les chiens errants posaient question, la solution -purement économique- a été perçue à juste titre comme un élan de barbarie contre ces animaux.

Depuis, des associations ou de simples individus ont souvent pris sur eux et elles de recueillir ces animaux et de s'en occuper. En effet, les colliers bleus ou oranges comme ceux que portent Kanellos ou Loukanikos signifient que quelqu'un-e (ou plusieurs personnes) les ont fait vaccinés et qu'ils sont répertoriés (et ne doivent donc pas être euthanasiés si ils sont ramassés par la fourrière).

La situation des animaux, même ceux dits "de compagnie", est toujours le reflet de la manière dont on traite les êtres humains, et donc de l'idéologie et de la société en place.

C'est pour ça que dénoncer la situation des animaux, les défendre, les protéger, les soigner et libérer de la domination humaine est toujours une exigence révolutionnaire !

Contre les violences policières et la répression judiciaire infligées aux camarades et compagnon-e-s grecs !

Contre l'exploitation, la maltraitance, la torture et l'euthanasie infligées aux animaux !


Liberté pour tous et toutes : jusqu'à ce que la dernière cage soit vide !


Libération animale et révolution sociale : une même lutte, un seul but !



Le Cri Du Dodo

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